Comment le groupe le Tanneur & Cie a-t-il jonglé entre ses difficultés financières et la continuité de sa politique financière ?

Introduction

La société que nous avons choisie d’étudier pour la réalisation de notre mémoire est Le Tanneur et Compagnie. La période étudiée est de cinq ans afin d’avoir une estimation fiable de sa politique d’investissement et de financement. En d’autres termes, elle s’étend du 1er janvier 2012 au 31 décembre 2016.

Notre sélection s’est tout d’abord faite en fonction du caractère accessible et compréhensible de la structure financière des sociétés. Elles devaient toutefois être cotées en bourse. Nous nous sommes donc orientés tout naturellement vers les compartiments B et C d’Euronext Paris, et avons décidé d’opter pour Le tanneur et compagnie située dans le compartiment B.

D’autres raisons nous ont poussé dans ce choix final. Tous les membres de notre groupe connaissent le Tanneur et compagnie et apprécient les produits qu’ils proposent. Sa notoriété était donc un point positif à nos yeux, tout comme le fait d’être intéressé par son secteur d’activité. De plus, après s’être penché davantage sur l’aspect financier de la société, nous avons pu voir qu’elle avait réalisé différentes opérations intéressantes pour notre sujet (augmentations de capital, larges investissements…). Cela était donc le moyen de faire un lien entre la théorie vue en cours de gestion et politique financières et la mise en pratique avec des opérations réellement effectuées.

Le Tanneur et Cie est un acteur phare sur le marché du cuir français, qui est également un secteur porteur à l’international. Pour étudier sa politique financière, nous suivrons le plan qui suit.

Dans un premier temps, nous présenterons de manière globale la société, ses différentes caractéristiques et l’environnement dans lequel elle évolue. Dans un second temps, nous analyserons le tableau de flux de trésorerie pour comprendre quelle est la politique financière de cette société. Dans un troisième temps, nous exposerons la politique d’investissement et de financement afin de mettre en évidence l’affectation des ressources pour l’investissement, ainsi que pour comprendre la stratégie mise en place par les dirigeants. Pour conclure, nous donnerons notre opinion à propos des résultats recueillis tout au long de notre analyse, de la rentabilité, des risques et plus largement de la maîtrise de la politique financière du groupe.

Présentation générale du groupe

Historique de la marque

La marque Le Tanneur voit le jour en 1898 grâce à M. Bonnardel, maroquinier, qui s’associe avec M. Bornex, tanneur. Ils créent ensemble le premier objet de maroquinerie sans couture, ce qui sera un succès immédiat.

En 1900, le portemonnaie sans couture reçoit le Prix d’Argent de l’exposition universelle de Paris. Trois valeurs construisent sa renommée : qualité, créativité et élégance.

L’année 1920 marque l’arrivée de M. Gianinetto qui prend la direction de la maison. Il instaure alors une culture d’entreprise moderne, industrielle et communicante. Le Tanneur fait la promesse d’une grande qualité et devient une référence en termes de petite maroquinerie auprès d’une clientèle prestigieuse.

La marque devient pionnière en matière de communication en investissant dans des campagnes d’affichage de grande envergure, ce qui est révolutionnaire pour l’époque (années 1955). Dans le même temps, des catalogues sont distribués, jusqu’à un million en une année.

La Société Anonyme Le Tanneur et Cie est créée en 1997 grâce à la reprise des fonds de commerce des sociétés Andrelux SA et Andrelux Industrie, qui comprennent les marques Le Tanneur et Soco.

En 2000, Le Tanneur et Cie est introduit sur la bourse française Euronext Paris C. Dans le même temps, le réseau de points de vente se développe avec environ cinquante boutiques, ce qui en fait le premier réseau de maroquinerie en France. Il s’étend également en Europe, en Asie et au Moyen Orient.

Le groupe décide de mettre en place un système de franchise (du moins sa forme moderne, la commission-affiliation) en 2004, du fait du renouvellement accéléré des collections.

Le processus de production en sous-traitance est repensé en 2006 dans le but d’améliorer la profitabilité (c’est-à-dire le résultat généré par l’activité).

C’est en 2011 que le Qatar Luxury Group, société de droit qatari, devient actionnaire majoritaire du groupe. Les actions étaient auparavant détenues par la famille Descottes, la SAS D&P PME IV et la SARL Saint Germain Participations. Le Qatar Luxury Group devient actionnaire majoritaire grâce à une offre publique d’acquisition (OPA) à hauteur de 86,03%.

Une vaste campagne publicitaire est lancée entre 2012 et 2013 suite à l’arrivée du nouveau Directeur Général, M. Jean Clenet, et la structure globale du groupe est simplifiée.

Aujourd’hui en 2017, la marque offre des produits tant d’une grande qualité qu’ingénieux. Le Tanneur & Cie se positionne comme une « marque ingénieuse et fonctionnelle pour tous » et est devenu un acteur important du marché de la maroquinerie grâce à la combinaison de la tradition du travail du cuir ainsi qu’une forte créativité.

L’actionnariat

La répartition du capital chez Le Tanneur a évolué comme suit :

2016 2015 2014 2013 2012

Qatar Luxury Group SPC 85,6% 85,6% 85,6% 85,6% 84,9%

Public 4,0% 4,0% 4,1% 5,0% 6,5%

Autres fonds d’investissement 9,9% 9,9% 9,8% 8,9% 8,1%

Cadres 0,4% 0,4% 0,4% 0,4% 0,4%

Le Tanneur et Cie 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1%

C’est en 2011 que le groupe Qatari devient actionnaire majoritaire du groupe en réalisant une acquisition auprès de la famille Descottes qui détenait alors la majorité des parts, avec les sociétés Saint Germain Participations et D&P PME IV.

Qatar Luxury Group acquiert alors 2 326 171 titres, qui représentent 52,73% du capital et environ la même quantité de droit de votes. Le coût de la transaction s’élève à 6,51 € par action, soit plus de quinze millions d’€.

Hervé Descottes, Président Directeur Général de Le Tanneur & Cie :

« Cette société dispose des moyens de ses ambitions et va ainsi pouvoir réaliser les investissements nécessaires au développement de notre Groupe, tant au niveau industriel que de ses marques Le Tanneur et Soco en particulier. » Ces raisons ont ainsi poussé les anciens actionnaires majoritaires à donner un avis favorable à l’OPA. »

Les différentes activités

Le groupe possède deux marques : Le Tanneur et Soco, toutes les deux spécialistes en maroquinerie.

Répartition du chiffre d’affaires selon l’activité (2016)

Son chiffre d’affaires se décompose en trois activités :

La fabrication pour maisons de luxe à 54,3% du chiffre d’affaires.

Deux sites de production sont consacrés à la sous-traitance pour les maisons de luxe dans l’Ain et en Corrèze. Son savoir-faire centenaire lui permet de se positionner comme un expert en maroquinerie, et ainsi mettre à disposition ses compétences auprès de grandes maisons de luxe.

La vente en gros à destination de détaillants de différentes marques, des chaines de grands magasins (par exemple les Galeries Lafayette) ou encore des distributeurs étrangers pour 19,6% du chiffre d’affaires.

Les produits sont distribués sous leurs deux marques propres, en France et à l’international, même si le chiffre d’affaires en France représente 92% du chiffre d’affaire total.

Les autres distributions pour les marques propres (distribution de détail) pour 26,1% du chiffre d’affaires.

Cette activité est exercée au travers de 49 points de vente (magasins détenus par la marque, magasins affiliés ou franchisés).

On constate donc que la plus grande partie de son chiffre d’affaires est réalisé grâce à la fabrication pour les maisons de luxe. La marque s’était engagée pour 2016 à augmenter le taux de satisfaction de ses clients (également donneurs d’ordres), tout en industrialisant plus efficacement les nouveaux produits, à développer ses compétences en petite maroquinerie et enfin prospecter de nouveaux clients.

Pour l’activité « marques propres », le but était d’augmenter la rentabilité de la marque Le Tanneur tout en relançant la marque Soco qui ne représente qu’une infime partie du chiffre d’affaires. En effet, Le Tanneur représente 98% et Soco 1%, le reste étant réalisé par d’autres marques qui ne sont pas principales.

A l’étranger, les marques sont distribuées dans une trentaine de pays, l’Asie et notamment la Chine étant des axes prioritaires de développement. En effet, Le Tanneur a fait son entrée en 2016 chez House of Fraser, point de vente incontournable en Chine.

Répartition du chiffre d’affaires par zones géographiques

On peut voir que les ventes à l’export restent assez faibles comparé à celle réalisées en Europe. Malgré tout, le groupe a la volonté de développer ses ventes en dehors de l’Europe, notamment en Asie.

Politique RSE du groupe

La Responsabilité Sociale des Entreprises correspond à « l’intégration volontaire par les entreprises des préoccupations sociales et écologiques à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. » – Livre Vert, 2001.

En fait, la RSE renvoie à la façon dont les entreprises peuvent (et doivent) intégrer les attentes de la société lors du processus de production et de distribution. La RSE est aujourd’hui de plus en plus prise en compte dans la gestion des sociétés, et notamment dans les plus grandes entreprises cotées sur le marché.

Plan d’action pour les salariés

L’égalité hommes/femmes : ce point est particulièrement pris en compte chez Le Tanneur et Cie, et ce sur plusieurs points. Tout d’abord concernant les deux cœurs de métier du groupe (la fabrication et la vente de maroquinerie) sont principalement exercés par des femmes (environ 86%), et le groupe essaye de prendre de plus en plus en considération les candidatures masculines. De plus, la parité est respectée dans le Comité de Direction du groupe, avec trois personnes de chaque sexe.

Lors des embauches, on peut lire dans le Document de Référence de 2016 qu’à compétence égale et en cas de déséquilibre dans la profession, la préférence sera donnée à la personne de genre minoritaire. L’objectif pour 2017 sera alors qu’un homme au moins soit présent sur les quarante-neuf points de vente.

Respect des conventions de l’Organisation Internationale du Travail : le groupe met un point d’honneur à respecter les droits de ses salariés, notamment en matière de représentation des salariés (négociation collective, liberté d’association…), ainsi qu’en matière de non-discrimination. La négociation collective est ainsi largement diffusée sur les différents sites de production et de distribution, les personnes employées en tant que vendeurs dans les boutiques et grands magasins ayant la possibilité d’adhérer à des instances représentatives à Paris.

Prise en compte des impacts environnementaux

Le groupe considère que son activité n’a pas d’impact majeur sur l’environnement, et la responsabilité quant au respect de l’environnement incombe essentiellement à la direction des sites eux-mêmes.

Plus globalement, le groupe se conforme à la règlementation « REACH » qui a été instauré par l’Union Européenne pour « mieux protéger la santé humaine et l’environnement contre les risques liés aux substances chimiques, tout en favorisant la compétitivité de l’industrie chimique de l’UE. »

Le suivi de la conformité de ces normes est effectué grâce à un logiciel. Pour cela, les salariés sont également formés et sensibilisés à la protection de l’environnement, notamment par l’affichage de circulaires visant à promouvoir les gestes écologiques du quotidien.

Plus spécifiquement concernant leur gestion des déchets, les différents sites sont tenus à des traitements spécifiques selon le type de déchet. En voici quelques exemples :

Type de déchet Traitement préconisé

Cuirs et toiles Collecte par un prestataire pour recyclage

Teintures et colles – Utilisation de fontaines de nettoyage ensuite purgées par un prestataire

– Fûts spécifiques ensuite récoltés par un prestataire

Cartons Compactage puis recyclage

Bois Déchets recyclés

Le respect de cette règlementation est vérifié grâce à la tenue de registres (parcours des déchets dangereux jusqu’à leur élimination finale), puis un tableau synthétise le traitement des déchets pour être affiché sur des panneaux d’information dans l’enceinte de chaque site.

Enfin, le papier administratif est recyclé dans la mesure du possible, et un « projet de valorisation des papiers de bureau et d’élimination des piles, néons » doit être lancé pour 2017.

Notes du rapport quant au développement durable

Développement régional : le contrat de génération signé en 2013 garanti le maintien, la transmission et le développement du savoir-faire maroquinier avec la mise en place d’un système de relais entre les générations, ce qui évite la parte de compétences au fil des départs (à la retraite notamment). Le stage et l’alternance pour les jeunes font partie intégrante de la politique RH du groupe. Le contrat a pris fin en octobre 2016 mais le groupe est en train de négocier pour le renouveler.

Dans le même temps, on constate que le groupe agit en matière d’emploi car il embauche 568 personnes en France, sur les sites de fabrication et les points de vente.

Relations avec les acteurs de son environnement : le Tanneur et Cie s’engage particulièrement auprès d’associations grâce à des dons et le versement de la taxe d’apprentissage. Les dons concernent dans des musées (Musée de la Tannerie de Bort-Les-Orgues où une de ses usines est implantée), que des causes d’intérêt général comme les Restos du cœur, la recherche médicale ou des clubs sportifs.

Mais les exemples ci-dessus ne sont que deux parmi tant d’autres, puisque le groupe s’engage également auprès de ses fournisseurs et sous-traitants (clauses sociétales et environnementales) contre les actions de corruption (contrôle interne), pour la préservation de la santé et de la sécurité des consommateurs, etc.

Le marché auquel le groupe fait face

L’industrie française de la maroquinerie représente quasiment ¾ de l’industrie du cuir, et le nombre de personnes employées dans l’industrie ne cesse de croitre, surtout dans l’industrie du luxe. L’industrie du cuir a généré trois milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2016, soit une croissance de 6% par rapport à 2015. L’Île de France concentre 25% des entreprises du secteur où plus de la moitié du chiffre d’affaires est réalisé.

2012 2013 2014 2015 2016

Chiffre d’affaires (K€) 2 286 000 2 542 000 2 694 000 2 858 000 3 037 000

Evolution + 9,79% + 11,19% + 5,97% + 6,08% + 6,26%

On peut ainsi voir que l’activité s’est ralentie en 2014, passant de 11 à 6% mais le chiffre d’affaires n’a pas été en recul sur les cinq dernières années. On peut donc considérer que le secteur assez porteur.

Du côté des concurrents, le groupe se trouve face à des « géants » de la maroquinerie tels que Hermès ou LVMH qui se portent très bien :

Hermès Les ventes ont progressé de 13% en 2016 au global, notamment grâce à l’explosion des ventes en Asie (et surtout en Chine), soit +16%, et aux Etats-Unis avec +14%. C’est la maroquinerie qui a tiré les chiffres vers le haut avec une augmentation de 15% du chiffre d’affaires. Sa valeur en bourse a augmenté de presque 12% sur l’année 2016, pour arriver à 436,1€.

Louis Vuitton La marque a profité d’un environnement de plus en plus favorable au luxe, ce qui a permis une croissance de 15% dans la maroquinerie. Ses ventes s’accélèrent dans toutes les régions du monde avec une croissance positive en Asie, aux Etats-Unis et en Europe. Les titres LVMH ont eu la plus forte croissance dans le secteur du luxe, soit presque +39%.

Cela peut donc s’avérer difficile de se faire une place face à des groupes comme ceux-ci.

Le tableau des flux de trésorerie

Au sein de cette partie, nous voulons montrer quelle a été la politique d’investissement ainsi que celle de financement à travers l’analyse des flux de trésorerie. Les modes de financement de la société Le tanneur & Cie seront donc étudiés, puis exposés de manière synthétique afin d’obtenir une vision d’ensemble de cette dernière.

La vocation principale d’un tableau de flux de trésorerie est de déterminer la variation de la trésorerie, autrement dit dissocier les flux d’entrée et les flux de sortie pour connaître la capacité de la société à dégager des liquidités et des ressources de financement pour ses investissements futurs.

Le tableau de flux de trésorerie se fait annuellement et se décompose en trois étapes distinctes qui vont être la ligne directrice de cette partie : l’exploitation, l’investissement et le financement. Suite à l’analyse de chacune de ces étapes sur les cinq dernières années, nous serons davantage en mesure de qualifier les orientations stratégiques prises par la société Le Tanneur & Cie, et celles-ci seront étudiées dans la troisième partie.

Analyse des flux de trésorerie d’exploitation

Cette sous-partie a pour enjeu d’analyser les flux de trésorerie dus à l’activité. Il nous sera donc possible de connaître la capacité de Le tanneur & Cie à procéder à des investissements, rembourser des emprunts et peut-être payer des dividendes, sans faire appel à des sources de financement externes.

L’ordre des experts comptables (OEC) les définit comme suit :

« Les flux d’exploitation relatifs aux charges et aux produits d’exploitation correspondent aux encaissements des créances clients, règlements des dettes fournisseurs, aux salaires et organismes sociaux ».

Le résultat net

D’une manière générale, le résultat net du groupe est resté négatif sur la période étudiée, passant de -1,32 million d’euros en 2012 à -1,1 million d’euros en 2016, avec un pic au plus haut à -305 milliers d’euros en 2015. Pour en connaitre les raisons, nous pouvons tout d’abord étudier le chiffre d’affaires réparti par activité, cet élément étant le premier pour le calcul du résultat.

Le chiffre d’affaires

En analysant le chiffre d’affaires, on observe une baisse générale de 11 million d’euros entre 2012 et 2016, soit une baisse de 17%. Dans le même temps, l’activité « Fabrication pour maisons de luxe » a diminué progressivement entre 2012 et 2014, pour ensuite se réduire de moitié en 2015, passant 29 millions en 2014 d’euros à 14,2 millions d’euros. En ce qui concerne l’activité « Magasins Le Tanneur », elle est restée stable autour de 15,2 millions d’euros entre 2012 et 2014, puis a doublé en 2015 pour atteindre 31,3 millions d’euros, soit une hausse de 105% entre 2014 et 2015. Cette année-là, le chiffre d’affaires de cette activité a donc dépassé celui de l’activité « fabrication pour maisons de luxe », qui était depuis 2012 l’activité la plus importante en termes de chiffre d’affaires. Or la tendance s’est directement inversée en 2016, l’activité pour les maisons de luxe ayant repris son « activité normale » autour de 29 millions d’euros, et l’activité de distribution dans les magasins Le Tanneur est revenu à son état précédent, soit 15 millions d’euros.

Enfin, l’activité des « autres distributions en marques propres » est restée plutôt stable entre 2012 et 2016 avec cependant une baisse continue faisant passer son chiffre d’affaires de 14 à 10,5 millions d’euros.

Cette inversion de tendance entre 2014 et 2015 s’explique par les ouvertures nombreuses de nouveaux magasins Le Tanneur, ce qui a considérablement augmenté le chiffre d’affaires lié à l’activité « Magasins Le Tanneur ». Cependant, le chiffre d’affaires global n’a pas tant augmenté (à peine 1 million d’euros) du fait de la baisse parallèle de l’activité « fabrication pour magasins de luxe ».

Pour se rapprocher du résultat net, on voit bien sur le graphique sa hausse soudaine entre 2014 et 2015, ce qui prouve que cette hausse est essentiellement liée à la hausse d’activité. Cependant, la variation du résultat net est liée à d’autres facteurs expliqués ci-après.

Les écarts suivants peuvent expliquer la situation entre 2014 et 2015, c’est-à-dire un écart de +1,5 million.

Les autres achats et charges externes

Globalement entre 2014 et 2015, on constate une baisse de 1,3 millions d’euros des autres achats et charges externes.

Une forte baisse des autres achats et charges externes a pu être observée entre 2013 et 2015, et cette baisse a été de 1,3 millions d’euros entre 2014 et 2015. Les autres achats et charges externes sont composés entre autres des charges locatives (en baisse de 330k€), des charges de personnel extérieur à l’entreprise (qui ont baissé de 230k€ environ), de la publicité (qui est en baisse de 260k€), etc.

Ainsi, entre 2014 et 2015, la baisse du poste s’explique essentiellement par une baisse des dépenses de publicité, de location et de recours au personnel intérimaire, certainement dû à certains magasins dont le groupe s’est séparé durant l’année 2015.

Les charges de personnel

Globalement, on constate entre 2014 et 2015 une baisse de 1,3 millions d’euros de charges de personnel (voir page suivante).

Les charges de personnel n’ont pas cessé de décroître depuis 2012, avec une baisse générale de 2 millions d’euros. La baisse la plus significative se retrouve encore entre 2014 et 2015, où les charges de personnel ont diminué de 1,3 millions d’euros.

Cette baisse des charges de personnel suit la baisse des salaires et traitements, notamment du fait d’une réduction des équivalents temps plein réduit de 35 entre 2014 et 2015 (source : Dossier de référence 2015).

Les ratios liés aux flux de trésorerie d’exploitation

La Capacité d’Autofinancement

La Capacité d’autofinancement d’une société est le montant de la trésorerie qu’elle peut potentiellement générer grâce à son activité, sans tenir compte de la variation du besoin en fond de roulement. Il s’agit d’une marge brute d’autofinancement dont le but premier est l’évaluation de la capacité de la société à s’autofinancer au cours d’un exercice en amont de la distribution de potentiels bénéfices.

On constate une forte hausse de la capacité d’autofinancement entre 2012 et 2016 (+190%) qui est essentiellement due à la variation du résultat net. Comme le graphique ci-dessus le montre, la courbe du résultat et la courbe de la CAF se suivent.

D’autres postes ont encouragé ces variations, telles que les moins-values : en 2014, des moins-values à hauteur de 1 747 milliers d’euros ont été réalisées, alors qu’une plus-value globale a été constatée pour 69 milliers d’euros en 2016. Il existe donc une corrélation entre la variation de la CAF et celle des plus ou moins-values.

Enfin, l’impôt différé a également eu un impact : d’un impôt de 593k€ en 2012, il est passé à un crédit de 114 milliers d’euros en 2016.

Même si les explications précédentes sont à prendre en compte dans la variation de l’indicateur, elles ont un impact moins important que la variation du résultat net.

Depuis 2015, la société est donc capable de s’autofinancer.

Calcul du BFR (k€) – cf. Annexe 1

Dans l’ensemble, le BFRE a diminué entre 2012 et 2016, passant de 14 950k€ à 8 270k€. Le BFR est donc positif, ce qui signifie que la société a un besoin à financer. Cependant, on peut l’analyser plus en détail et trouver les raisons de cette baisse.

Le BFR est resté assez stable entre 2012 et 2014 (passant de 14 950 à 14 208k€), puis a fortement diminué à partir de 2015 pour atteindre 7 472k€. Cette baisse s’explique soit par une hausse des ressources, soit par une baisse des besoins, soit par une variation des deux.

En analysant les composants du BFRE entre 2014 et 2015 (variation la plus représentative), on observe :

Une baisse de 5000k€ des stocks qui a été bénéfique puisque le stockage coûte de l’argent et génère un besoin (manque à gagner)

Une baisse des créances clients de 4000k€ qui a également permis de diminuer le BFRE. En effet, une baisse des créances provient du fait que les délais de paiement qui leur sont accordés ont diminué, ce qui a un effet positif sur la trésorerie en augmentant les liquidités.

Cependant, sur la période étudiée, les dettes fournisseurs ont diminué de 3000k€, ce qui veut dire que les emplois ont augmenté, et cela est certainement dû à la réduction des délais de paiement aux fournisseurs. La société dispose alors de moins de liquidités car elle doit payer ses fournisseurs plus rapidement.

La variation des flux de trésorerie d’exploitation

L’analyse des flux de trésorerie d’exploitation

D’une manière générale, les Flux de Trésorerie provenant de l’activité ont augmenté de 2012 à 2016 (respectivement de -2 952 à -106k€).

Entre 2014 et 2015, on retrouve une forte augmentation des Flux de Trésorerie (+261%) d’Exploitation due à une hausse de la CAF et une baisse du BFRE cette même année. Le Flux de Trésorerie d’Exploitation suit donc la même tendance que la CAF et le BFRE (vus précédemment).

Courant 2013, une large campagne de publicité a été lancée par Le Tanneur & Cie, ce qui a fortement diminué les disponibilités de la même année. Puis la campagne a été prolongée l’année suivante, ce qui a eu le même effet. Les répercussions de cette campagne se sont ressenties en 2015 avec une forte hausse du résultat net et donc des FTE.

Contrairement à 2015 où la société était capable de dégager de la trésorerie pour se financer elle-même (CAF), 2016 a généré un FTE négatif (bien que la CAF soit positive) du fait d’une augmentation du BFRE la même année.

Ratio Flux de Trésorerie d’Exploitation/Chiffre d’affaires

2012 2013 2014 2015 2016

FTE -2952 1618 -3962 6380 -166

Chiffre d’affaires 64652 59250 55920 56712 53766

Ratio Flux d’exploitation / Chiffre d’affaires -5% 2,73% -7,09% 11,25% -0,31%

Le ratio se montre très irrégulier sur la période 2012-2016 avec un écart entre le minimum et le maximum de 16 points. Si on prend les valeurs les plus significatives, on constate que :

En 2014, 1€ de chiffre d’affaires générait 7 centimes de perte d’exploitation ;

En 2015, 1€ de chiffre d’affaires générait 11€ de disponibilités.

Une fois de plus, la forte augmentation (2015-2016) constatée dans notre analyse de la trésorerie d’exploitation se retrouve dans le ratio.

Analyse des flux de trésorerie d’investissement

Immobilisations corporelles et incorporelles

Les immobilisations incorporelles

Les immobilisations incorporelles sont composées essentiellement de :

Logiciels (amortis)

Droits au bail et droits d’entrée (amortis)

Fonds de commerce

Leur valeur est restée stable sur les cinq années, passant de 3,37 à 3,9 millions d’euros en 2016. En effet, les droits au bail et droit d’entrée se compensent chaque année entre les entrées et les sorties de magasins.

Les immobilisations corporelles

Les immobilisations corporelles comprennent des :

Terrains

Constructions

Installations techniques, matériels et outillage

Autres immobilisations corporelles qui constituent la plus grande partie des immobilisations corporelles)

Immobilisation en cours

Pour celles-ci, la tendance générale est à la baisse avec un montent net d’immobilisations corporelles de 5,2 millions d’euros en 2012 à 3,9 millions d’euros en 2016. On peut donc en conclure que l’actif corporel n’est pas systématiquement renouvelé.

Le total des investissements

Les entrées « désinvestissements » ou sorties « investissements » sont essentiellement dus aux entrées et sorties de magasins de la marque qui seront développées dans la partie « politique d’investissement ». Les investissements et désinvestissements liés aux immobilisations financières ne sont à chaque fois qu’accessoires, c’est pour cela que l’on se concentrera sur les investissements liés aux immobilisations corporelles et incorporelles.

Dans un premier temps, on remarque des investissements et désinvestissements massifs en 2014, de l’ordre de plusieurs millions d’euros. Cela est dû entre autres à la cession de la marque TANN’S dont l’exploitation était confiée en licence, ce qui a généré une plus-value de cession de 1 950 milliers d’euros. De plus, des droits aux baux ont été acquis pour 1 788 milliers d’euros, concernant des magasins sur le territoire français. De ce fait, le total des investissements et désinvestissement des immobilisations corporelles et incorporelles a généré un besoin de 153 000€.

Dans un second temps, on peut constater un investissement total important en 2015 de 1 506 milliers d’euros. Ces décaissements sont principalement dus à l’acquisition d’immobilisations corporelles (pour 1 292 milliers d’euros), ainsi que d’immobilisations incorporelles. Le groupe a en effet investi beaucoup dans de nouveaux concepts de magasins comme celui du Printemps Haussmann à Paris, ou le magasin situé au Val d’Europe.

Variation flux de trésorerie d’investissement

Ils correspondent à toutes les dépenses et les recettes liées aux acquisitions et cessions d’immobilisations principalement. Leur étude permettra de comprendre la politique décidée par le dirigeant et ainsi d’évaluer sa rentabilité. Les flux d’investissement sont la somme des flux de trésorerie correspondant aux opérations d’investissement.

On constate encore une fois un pic en 2015 qui correspond à un besoin d’investissement de -1 469 milliers d’euros. Le groupe devra donc compenser ce besoin grâce aux flux de financement (capitaux propres et dettes financières). Ce pic s’explique par des acquisitions d’immobilisations corporelles (1 292 milliers d’euros) bien supérieures aux encaissements dus aux cessions d’immobilisations corporelles et incorporelles qui n’ont été que de 66 000€. Nous verrons donc comment ces acquisitions ont été financées dans la partie suivante concernant les flux de financement.

Analyse des flux de trésorerie de financement

Les flux de trésorerie de financement permettent d’appréhender les financements faits de manière externe à l’entreprise. En d’autres termes, ces flux sont soit des ressources de financement tel que les nouveaux emprunts, les augmentations de capital, etc., soit des décaissements, comme des remboursements d’emprunt ou des distributions de dividendes.

Les remboursements d’emprunt

Au cours de l’année 2016, le groupe Le Tanneur a remboursé 473K€, dont le détail se trouve ci-dessous :

300K€ de remboursement d’emprunt auprès des établissements de crédit

173K€ de remboursement de crédit-bail

Au cours de l’année 2015, le groupe Le Tanneur a remboursé 761K€, dont le détail se trouve ci-dessous :

544K€ de remboursement d’emprunt auprès des établissements de crédit

208K€ de remboursement de crédit-bail

Au cours de l’année 2014, le groupe Le Tanneur a remboursé 1 076K€, dont le détail se trouve ci-dessous :

840K€ de remboursement d’emprunt auprès des établissements de crédit

235K€ de remboursement de crédit-bail

Au cours de l’année 2013, le groupe Le Tanneur a remboursé 1 276K€, dont le détail se trouve ci-dessous :

958K€ de remboursement d’emprunt auprès des établissements de crédit

235K€ de remboursement de crédit-bail

Les nouveaux emprunts

Préfinancement du CICE

De 2013 à 2016, la Banque Publique d’Investissement (BPI) a préfinancé le CICE de le Tanneur & Cie pour 2 280K€, avec des augmentations successives de +634K€ (2016), +624K€ (2015) et +644 (2014). Le préfinancement était de 377K€ au commencement en 2013. Le contexte économique n’étant pas favorable, et la société étant en difficulté, cela a permis de maintenir un équilibre financier et d’éviter une réduction de la masse salariale. En effet, il est courant que pour faire face au remboursement des créanciers, les deux précédents éléments soient impactés.

Avance de l’actionnaire majoritaire

En 2016, une avance de la part de Qatar Luxury Group – Fashion SCP d’un montant de 8,7 Millions d’euro a été consentie à Le tanneur & Cie. Suite à un avenant, le remboursement est prévu au 30 juin 2017. Cette avance de 3,5M€ a été mise en place avant 2012, et a connu trois hausses : +2M€ (2013), +3M€ (2014), +105K€ (2016).

Avance de la Coface

Une avance de la part de la Coface s’élevait à 290 K€ en 2012. Il s’agit d’un contrat d’assurance prospection pour la zone Chine – Allemagne jusqu’à fin 2013 et uniquement pour l’Allemagne pour la suite. Sa valeur n’a cessé d’augmenter jusqu’en 2015 (249K€), +90K€ (2012), +81K€ (2013), +87K€ (2014), +8K€ (2015).

Emprunt auprès d’un établissement de crédit

On remarque le remplacement d’un emprunt à échéance 2011, par un emprunt de 1 200K€ fin 2012.

On retrouve dans cette courbe les grandes tendances citées précédemment. En effet de 2012 à 2014, les encaissements dus aux nouveaux emprunts se sont accrus, avec notamment un accroissement des avances du CICE, COFACE et de l’actionnaire majoritaire. L’année 2015 marque une rupture avec l’arrêt quasi total des avances (uniquement le préfinancement du CICE).

Les augmentations de capital

Le groupe Le tanneur & Cie a réalisé trois augmentations de capital lors de l’année 2012.

Avril 2012 : le capital social est passé de 4 225 K€ à 4 240K€, soit une émission de 15 000 actions nouvelles à une valeur nominale de 1€ et une prime d’émission de 1,65€.

Juin 2012 : le capital est passé de 4 240K K€ à 4 277€, soit une émission de 37 377 actions nouvelles à une valeur nominale de 1€ et une prime d’émission de 1,65€.

Juillet 2012 : Le capital Social est passé de 4 277K€ à 4 282K€, soit une émission de 5 000 actions nouvelles à une valeur nominale de 1€ et une prime d’émission de 1,65€. Aucun autre mouvement du capital social n’a été constaté sur les exercices de 2013 à 2016 (augmentation de capital, rachat d’actions …).

Les dividendes versé aux actionnaires

Sur la période étudiée (2012 à 2016), tous les résultats du groupe Le tanneur et compagnie ont été négatifs. Par conséquent, aucun dividende n’a été versé.

Les flux de trésorerie de financement (en milliers d’euros)

2012 2013 2014 2015 2016

Sommes reçues lors de l’exercice de stock option 152 – – – –

Encaissements provenant d’emprunt 2 651 2 737 3 831 624 772

Rachats et revente d’actions propres – – – – –

Remboursement d’emprunt -1 945 -1 276 -1 076 -761 -473

Cout de l’endettement financier net -391 -476 -323 -177 -221

Flux net de trésorerie opérations de financement 467 985 2 432 -314 78

Ce flux de trésorerie nous montre que le groupe Le tanneur s’est essentiellement financé par l’encaissement provenant des nouveaux emprunts. En d’autres termes, le financement du groupe repose sur les avances du CICE, de COFACE et de l’actionnaire majoritaire. Cela a permis en majeure partie de rembourser les emprunts. En 2015, on remarque un flux d’investissement négatif (-314K€) et en 2016 il est proche de 0 (78K€).

Conclusion : les flux de trésorerie nets

Afin de conclure sur l’analyse du tableau de flux de trésorerie, et plus spécifiquement sur la politique financière du groupe Le tanneur et compagnie, il est possible de voir qu’elle varie fortement d’année en année. Il s’agit d’un facteur négatif pour l’entreprise, car la gestion des investissements en dépend. En 2012, la trésorerie nette était négative à hauteur de 2 768 K€. En 2015, un pic de trésorerie positive a été constaté à hauteur de 4 597K€ et elle est quasiment nulle en 2016. Même si on constate un excédent de trésorerie très important en 2015, cela n’est pas forcément positif car c’est le signe d’une mauvaise gestion en général. En somme, suite à l’étude des flux de trésorerie, on peut dire que l’entreprise se trouve en mauvaise santé financière.

La mise en évidence de la politique d’investissement du groupe

Analyse de la politique d’investissement

Plusieurs investissements ont été mis en place pour que le Tanneur & Cie soit aujourd’hui un acteur incontournable dans la maroquinerie de luxe.

Des investissements liés à des stratégies de diversification des activités

La Fabrication pour Maisons de Luxe

Dans une logique d’excellence, Le Tanneur & Cie a plusieurs activités.

Tout d’abord, le Groupe a développé son activité de fabricant. Au fil du temps, le Groupe met en place des collections haut de gamme et cela passe par un savoir-faire traditionnel mais aussi par une démarche précise dans la production à chaque instant. A Belley, le laboratoire du groupe s’assure de la qualité par de multiples opérations et contrôles qualités.

De plus, Le Tanneur & Cie met à profit son expertise de maroquinier à d’autres maisons de luxe en passant par une activité de sous-traitance. En effet, il fabrique pour lui-même mais aussi pour d’autres maisons de luxe. Le Tanneur & Cie a mis à disposition quatre de ces usines qui permettent de répondre aux besoins de ses clients dans le domaine de la fabrication en maroquinerie de luxe.

Cet investissement permet la diversification de activités et la mise à disposition de son expertise à d’autres acteurs du luxe. On voit par ces investissements que Le Tanneur & Cie a voulu garantir une fabrication « made in France » à ses clients par son outil industriel performant. Cela lui a permis la reconnaissance de son savoir-faire par ses clients et partenaires de long terme. Le site principal corrézien permet la fabrication pour Maisons de Luxe.

De plus, l’investissement dans cette activité de fabrication lui a permis de gagner en croissance en termes de chiffre d’affaires. En effet, on peut voir dans le tableau ci-dessous que cette activité de fabrication qui passe par la sous-traitance n’est pas à négliger car elle rapporte une part importante dans le chiffre d’affaires totale du Groupe.

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